Une Mamie au festival
6 décembre 2020

L’étonnant été d’une Mamie entre plage et festivaliers !

Par Coralie

Alors que la neige s’installe à Munich et que le froid pique en Belgique, nous avons choisi de rêver d’été avec mon portrait. Cette Mamie proactive, ponctue chaque année, cette saison, par deux moments forts : le festival et le folklore belge. Cela commence sous le soleil de juillet (si cela arrive en Belgique, non mais…). Avec ses petits-enfants et tous les autres volontaires du Comité  « Les Gens d’Ere« , elle donne rendez-vous à des milliers d’amateurs de musique lors du Festival belge « Les Gens d’Ere ».

En août, elle partage avec ses « grands« , une semaine à la côte où elle perpétue la tradition belge des magasins de fleurs. Je n’en avais jamais entendu parler, mais elle est tellement surprenante, qu’elle risque de se multiplier quand l’heure des vacances aura sonné !

Envie de chaleur humaine et de rayons de soleil ? Je vous présente Monique, et son hospitalité « Les Gens d’Ere« .

Des grands-parents au festival ? A Ere c’est tout à fait normal !

« Je fais partie de la « Bande des Vieux ». Nous sommes une dizaine et certains nous rejoignent pour des coups de mains ponctuels. Tout a commencé, il y a plus de 20 ans. Plusieurs adolescents du village souhaitaient réaliser une soirée « Jeunes ». Il manquait de bénévoles pour la caisse. Une autre maman, Marie-Line, et moi-même, sommes venues en renfort. Nous étions gelées, la caisse était dehors et je me souviens encore que 6 tickets de consommations valaient 200 Francs belges! Il fallait bien aider les enfants…Après, ça ne s’est jamais arrêté, sauf cette année avec les mesures Corona… Il y a le festival bien sûr, mais aussi toutes activités qui ponctuent l’année. Les Gens d’Ere organisent le troisième réveillon, une chasse aux oeufs pour les plus-petits, une distribution de bûches pour les aînés, tiennent un stand sur le parcours du Paris-Roubaix, cuisent les frites lors des soirées de retransmissions des matchs des « Diables Rouges »…Lors du Festival, il m’est arrivé d’être encore à la caisse à 4h00 du matin et devoir me lever à 7h00 pour cuire les haricots proposés en salade au barbecue le jour-même ! Mais ce n’était pas grave, comme je travaillais encore, je prenais congé après pour me reposer. Je ne voulais pas que mon patron se rende compte que j’avais fait la fête tout le week-end ! « 

Au fil des années, les enfants ont grandi et les petits-enfants sont arrivés. La fête a, elle-aussi, pris une autre dimension. En 2019, « Les Gens d’Ere » et son comité intergénérationnel de 180 volontaires, ont permis de réunir 20 000 festivaliers.

Une motivation qui reste cependant identique !

« Cette activité m’apporte beaucoup et même si je suis sur les rotules à la fin du festival, je ne donnerais ma place pour rien au monde ! Quand je suis au festival, je ne pense plus à mes soucis, j’ai plaisir à voir que tout se déroule bien et que l’activité remporte de plus en plus de succès. J’apprécie ces contacts entre les générations et voir l’implication de chacun. Aujourd’hui, je vois que la troisième génération arrive avec tout autant de plaisir…Je vois des jeunes heureux, des petits s’amuser. Ce comité, c’est un peu comme une famille et ça n’a pas de prix. Je m’étais dit à soixante ans, je prendrai ma retraite, je les ai dépassés depuis quelques années, mais je suis toujours là ! Le contact avec les gens est dans ma nature, et depuis plus de 20 ans à la caisse, je vois énormément de monde. Je me dis qu’un jour il faudra raccrocher, quand je serai vieille et que je radoterai. A un moment, il sera venu le temps d’arrêter car je ne voudrais surtout pas m’imposer… »

Mais avant, Monique a encore beaucoup de chanteurs à découvrir 🙂 Elle, qui n’allume jamais la radio, m’explique que les nombreux concerts à l’affiche du festival lui permettent de découvrir les nouvelles tendances. « C’est assez comique car l’affiche m’importe peu, ça m’est égal. C’est plus quand les plus jeunes me parlent de la programmation que je commence à m’intéresser aux vedettes. Quand je travaillais encore, mes jeunes collègues me disaient souvent, c’est génial que tel groupe vienne ou tel autre. Je ne les connaissais même pas ! Par contre, une fois qu’ils ont fréquenté le festival, je les reconnais ! Et de ce fait, leurs chansons sont toujours associées à de bons souvenirs ! ». 

Et pour prolonger l’été, c’est coquillages, Fleurs et crustacées !

Depuis cinq ans, à présent, elle a pris l’habitude de réserver un logement, une semaine, à la côte belge. Et l’activité principale du trio, à ce moment de l’année, est la vente de fleurs en papier de soie ! Connaissez-vous cette tradition de la côte belge ? En ce qui me concerne, je ne sais pas si c’est lié au fait que nous fréquentions les plages de Kojsijde ou que mes souvenirs coïncident plus avec l’automne,mais  je n’avais jamais entendu parler de ce folklore. Sous ce lien, vous découvrirez l’explication très sérieuse de la ville de Knokke-Heist.

Magasin de fleurs tradition plages belges

Un des magasins de fleurs réalisé par le trio.

Et Monique s’en amuse : « Tu ne connais pas ? Ah, si ! A Saint-IdesBald, on vend des fleurs réalisées à la main en papier crépon ! Et pas contre n’importe quelle monnaie ! Contre des coquillages et sur notre plage seuls les « couteaux » sont acceptés ! Quand on arrive sur le sable, on rassemble notre fonds de caisse et on part à la chasse aux coquillages. Après, on installe le magasin, on plante les fleurs et je tiens le magasin. Quand un client se présente, j’appelle mes petits-enfants. Parfois, les clients sont néerlandophones, cela fait un excellent exercice à mes petits-enfants pour entretenir la langue ! Et puis, cela leur apprend les bases du marchandage ! Chaque année,  on se renouvelle. On regarde des tutos sur Internet pour créer de nouveaux modèles et on s’inspire des tendances ! L’année où les Diables Rouges sont allés en quart de finale, nous avions réalisé des fleurs aux couleurs de la Belgique. C’est parti comme des petits pains ! On prend le temps de visiter les magasins de fleurs des autres enfants aussi. »

(Envie de découvrir le portrait d’une autre grand-mère qui gère une fabrique aux souvenirs, c’est ici)

Et comme au festival, elle gère les stocks.

Mon invitée est prévoyante : « Certains jours, nous avons plus de 20 clients. De ce fait, je prépare aussi un peu de fleurs pendant l’année pour avoir du stock. Chaque année, les petits-enfants grandissent et je pense qu’ils vont me dire qu’ils en ont assez de la mer et des magasins de fleurs. Mais chaque année, quand on arrive, ils me demandent si j’ai bien le papier crépon. Le grand plaisir de la fin des vacances, c’est de compter le nombre de coquillages, de voir comment a évolué la mise de départ et d’aller tout remettre à la mer ».

Comme dit MamY Juju : « Après la pluie vient le beau temps. »

En débutant cette interview, Monique et moi avons échangé sur la crise sanitaire actuelle. Sans vouloir créer de polémique autour des mesures qui viennent d’être annoncées par le gouvernement belge, pour les fêtes de fin d’année, nous constatons que ces décisions touchent, une fois de plus, le moral.

« Depuis mars, je n’ai plus embrassé mes petits-enfants. Nous avons tout respecté contre cette foutue maladie. Depuis plus de 10 ans, je voyais mes petits-enfants tous les jours du lundi au vendredi pour les accompagner à l’école. Aujourd’hui, nous gardons le lien par tablette. Depuis le 15 mars, tout ce quotidien a changé et le gouvernement me répète tous les jours que je suis vieille car je suis dans le groupe des + de 65 ans, qu’il faut faire attention et se protéger. Entre les deux confinements, nous avons quand même maintenu notre séjour à la mer et celui-ci s’est superbement bien passé. »

Ce témoignage alimente que souvent, les grands-parents nous rassurent :  ils inscrivent les petits-enfants dans une histoire familiale, il font passer des traditions et transmettent des adages. Monique prouve aussi, chaque année, par son engagement sans faille dans le festival, que même si elle ne connait pas toujours les vedettes, elle connait la chanson 😉

Ne jamais sous-estimer le pouvoir des fleurs !

Dans ces moments parfois gris, j’ai particulièrement apprécié cette tradition des fleurs colorées. Cette tranche de vie de Monique a, une fois de plus, prouvé le « Pouvoir des fleurs« . (Ahhhh cette chanson qui m’accompagne depuis tant de saisons, envie de la réécouter, c’est ici).

Et comme après la pluie, viendra le beau temps, j’espère que cet été, nous serons nombreux à faire fleurir de multiples bouquets. Qui sait, le vent amènera, peut-être certaines variétés, jusqu’aux plaines des festivaliers 😉

Et vous ? Connaissiez-vous cette tradition belge ? En avez-vous des souvenirs ? Si oui partagez-les nous en commentaire !

Merci à Monique pour le temps consacré à ce témoignage, toi et « L’équipe des vieux » vous « gérez grave 😉 »

Je vous retrouve, dans quelques jours, pour vous présenter un projet, tout en douceur, pour garder le contact entre générations.

Enfin c’est confirmé, nous traverserons prochainement l’Atlantique pour un nouveau portrait !

A bientôt.

 

Coralie.

 

Qui est mon portrait ?

Monique est originaire d’Ere dans la région tournaisienne.

Elle est grand-mère de Jérôme (13 ans) et Héloïse (10 ans).

 

 

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