mamie tricot prématuré
7 février 2021

Pourquoi elles ont décidé de tricoter pour les bébés prématurés ? Découvrez les « Mamies tricoteuses de Marly » en France.

Par Coralie

Mauricette, « Mamie tricoteuse de Marly », décide en 2012 de réunir une poignée d’amies autour de la passion du tricot.

Quelques mois, plus tard, elle lit un article dans la presse. Le service de néonatalogie de l’hôpital de Valenciennes, recherche des tricoteuses qui pour confectionner des vêtements à destination des grands prématurés.

Elle décide d’en parler au groupe et elles se lancent dans l’aventure. De fil en aiguille, le projet prend de l’ampleur, aujourd’hui les mamies tricoteuses dépassent la centaine et ont besoin de 2000 pelotes de laine pour remplir leurs missions ! Car les mamies tissent les liens et les fils pour de nombreuses associations.

Pour ce nouveau témoignage, je vous invite à découvrir Mauricette Hennevin, une passionnée de fil, mais aussi d’actions sociales.

La naissance d’un groupe.

groupe Marly mamies tricot

Le groupe des mamies tricoteuses avant les mesures de distanciation.

Nous réalisons un bon dans le passé, avec cette grand-mère qui est encore étonnée d’un tel succès : « Je me souviens, j’avais remarqué que plusieurs dames de l’amicale Laïque étaient passionnées par le tricot. J’étais allée à la rencontre du responsable des activités. Pourquoi ne pas ouvrir un club ? Les règles de fonctionnement expliquées, et les 200 € de subside, en poche, nous ouvrions l’atelier tricot. Nous étions 5. Quelques mois plus tard, je lisais un article dans la presse régionale. Le service de néonatalogie de l’hôpital de Valenciennes recherchait des vêtements tricotés pour les grands-préamturés. Directement, nous nous sommes lancées dans ce projet ».

Et au départ, les mamies tricoteuses réalisent principalement des chaussons, des bonnets et des couvertures en laine pour le peau à peau. Très vite, elles se retrouvent à court de laine. « Nous avons donc réalisé un article pour le bulletin communal de Marly. Suite à cela, plusieurs journalistes se sont  intéressés à notre projet. Le groupe s’est étoffé, les interviews se sont multipliées. Cet engouement, nous aide, aujourd’hui, à réaliser le gros volume qui est attendu. Car à l’hôpital de Valenciennes, ce sont à peu près 800 naissances de grands prématurés qui sont comptabilisées chaque année. Les changements sont fréquents et l’offre quasi- inexistante. »

L’époux de Mauricette a fait les comptes, pour répondre à cette demande les tricoteuses ont besoin de plus de 2 000 pelotes par an ! Rien que cette semaine, Mauricette est allée déposer 176 pièces à l’hôpital, ce qui représente plus ou moins 310 pelotes.

 

Des petits vêtements adaptés, une collection complètement inventée.

Dès le début du projet, Mauricette et le groupe découvrent les réalités du service. « Nous avons rencontré à plusieurs reprises, la cadre administrative et le responsable du pôle mère-enfant. Les vêtements doivent répondre à une série d’impératifs. Par exemple, la laine utilisée doit être uniquement de l’acrylique, pour que les vêtements puissent passer au nettoyage et à la désinfection. De plus, les coutures doivent être invisibles, pour ne pas blesser la peau fragile des nouveaux-nés. Nous habillons de tous petits-bébés. A la naissance le poids peut avoisiner les 500 grammes. Il faut attendre un peu avant de les habiller. Mais nous avons dû analyser les besoins, créer de nouveaux modèles et nous adapter. Je me souviens très bien, au départ, quand nous tricotions les bonnets, nous avions toujours la crainte qu’ils soient trop petits ! Pour me rassurer, un médecin m’a expliqué que les bébés pèsent 400 à 500 g et qu’il était donc normal que nos bonnets ne soient pas plus grands qu’une clémentine !

Mais ce qui motive, particulièrement, Mauricette et les autres tricoteuses, c’est que les vêtements confectionnés ont une signification bien particulière : « Nos vêtements sont offerts pour les bébés pour qui tous les organes sont devenus opérationnels. Ils sont les premiers vêtements portés par les bébés, qui jusque là, sont restés en incubateur. Les vêtements représentent une sorte de frontière entre la vie incubateur et la vie. Pour les parents, les familles ce premier habillage est souvent un moment très important. »

Et ce projet, qui fait sens, convainc au fil des jours de plus en plus de tricoteurs et tricoteuses.

grands-mères tricoteuses de Marly

Un jour de livraison.

Découvrez une autre grand-mère qui s’implique dans un projet qui fait sens, cliquez ici, pourdécouvrir Myriam, une grand-mère pour le climat.

Un effet boule de fil !

Car si on connaît l’effet boule de neige, ce paragraphe va vous permettre de découvrir l’effet boule de fil !

Les mamies tricoteuses, qui accueillent volontiers les hommes, mais aussi les plus jeunes, sont maintenant plus d’une centaine en France. « Il y a des tricoteuses dans la Drôme, en Haute Savoie, en Vendée, en Champagne…et un nouveau club vient de se lancer à Mâcon. Quand une personne est intéressée, elle me contacte, je lui envoie les modèles adaptés. J’organise aussi les dépôts ou envois de laine si cela est nécessaire. Nous avons aussi réalisé un partenariat avec la maison de repos du village, une de nos adhérentes y était rentrée et avait souhaité y implanter le projet. »

Et cette grand-mère, encore étonnée d’un tel succès, ajoute : « C’est un peu de la tricothérapie ce que l’on fait. Il y a, c’est certain, les enfants qui reçoivent les vêtements, mais il y aussi le tissage de ces rencontres, le fait de retrouver une utilité pour les tricots et les personnes qui les réalisent. Je suis très fière de cette action, quand je reçois un colis d’une tricoteuse et qu’il y a un petit mot qui me dit merci, grâce à ce projet, je me sens utile, j’ai le sentiment que c’est gagné… »

pour qui tricoter

Les couvertures colorées.

Mais aussi d’autres projets solidaires.

Depuis la nouvelle notoriété, d’autres services font à présent appel au groupe : « Nous avons reçu une demande du service des soins palliatifs pour réaliser des couvertures colorées, nous avons aussi travaillé pour l’équipe mobile Rimbaud qui réalise des maraudes et fournit des vêtements pour des nouveaux-nés dans des situations de précarité. Nous avons, également, participé au plan grand-froid en tricotant des écharpes et des bonnets pour les SDF. Nous tricotons aussi de petits ensembles pour les enfants nés sous X… »

Quand elle reçoit une nouvelle demande, Mauricette relaie aux tricoteuses et vu le succès, c’est peut-être le moment idéal pour les rejoindre !

Une passion qui se tisse entre générations.

Mon portrait me confie qu’elle a appris le tricot avec sa maman : « J’ai commencé à tricoter aux alentours de mes 8 ans, et j’ai toujours beaucoup aimé cela. » Cette année, cette grand-mère de 3 petits-enfants, a un nouvel objectif :  » La plus grande de mes petites-filles, qui a 8 ans, est passionnée par ce que je fais. Elle apprécie tout particulièrement m’aider à associer les vêtements que je reçois. Avec ces tricots reçus en vrac, nous réalisons de petits ensembles. Cette année, elle doit présenter une action sociale à l’école. Elle m’a demandé si je pouvais l’aider à réaliser son exposé sur le projet. J’ai accepté bien volontiers, mais je lui ai dit, qu’on irait plus loin. Je vais lui apprendre à tricoter ! »

Mauricette me partage également sa joie, suite à un projet récent : « Une maîtresse des écoles a décidé de travailler, bénévolement, avec ses élèves la thématique de la laine. Elle a réalisé un projet pédagogique qui retrace la fabrication de la laine jusqu’à la réalisation de nos vêtements. En contre-partie, elle a demandé aux enfants participants d’offrir des pelotes de laine. J’ai reçu plus de 120 pelotes de cette classe, c »était magnifique. » (Un article sur ce projet sera publié prochainement).

Pour cette grand-mère, engagée depuis de nombreuses années dans des actions volontaires, la transmission est en route. Nous comprenons donc sa joie de mesurer que la solidarité se tisse pour demain et les jours d’après…

Je remercie sincèrement Mauricette Hennevin, pour cet échange. Je profite de cet article pour féliciter toutes les « Mamies tricoteuses ».

Et vous connaissiez-vous les « Mamies tricoteuses » ? Que pensez-vous de ce projet ?

La semaine prochaine, c’est en compagnie de « Mamie Déluge« , que nous nous retrouverons.

D’ici là, je vous souhaite une très belle semaine.

Coralie

 

Comment aider les mamies tricoteuses de Marly ?

  • Faire un don de laine :
    • Vous pouvez envoyer vos pelotes à l’adresse suivante : « Les Mamies tricoteuses de Marly, Place Gabriel Péri, 59770 Marly, France. »
    • J’aimerais organiser un don à partir de Tournai cet été.  De la laine à donner ?  Envie de m’aider ? Contactez-moi !
  • Devenir tricoteuse : contactez directement Madademe Hennevin, via le site de l’amicale Laïque, ici ou via la page Facebook : « Les Mamies tricoteuses de Marly ». 
  • Créer un projet de « Mamies tricoteuses » dans votre club, votre maison de repos…
  • Faire connaitre cette action : partagez mon article, parlez-en autour de vous, rejoignez le groupe Facebook…

Vu le nombre considérable de demandes reçues par d’autres tricoteuses intéressées, voci un lien vers des projets de tricots solidaires dans le monde :

Bénévolat Tricot le site les « Petites mailles »

 

Le reportage qui m’a fait découvrir les « Mamies tricoteuses de Marly ».

 

 

 

 

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