Portrait d’Anne Libotte, grand-mère qui a poursuivi son rêve d’auteure et éditrice.
Quand elle m’accueille pour cette interview, Anne (Libotte) vient juste de raccrocher avec un illustrateur. Ils ont échangé, au sujet d’un des prochains romans qui sortira aux éditions « Entre 2 pages ».
Au début de notre conversation, cette grand-mère active m’explique différentes étapes de sa vie : ses débuts professionnels, le tournant radical où elle décide de faire coexister ses passions, …
Ce changement radical implique un retour sur les bancs de l’école, une formation avec une couveuse d’entreprise et un renforcement de sa confiance personnelle…
Anne fait preuve d’une détermination qui impressionne !
Aujourd’hui, cette femme active mène une vie bien remplie. Elle écrit des romans et albums jeunesse, développe une collection adaptée aux jeunes lecteurs et enfants dyslexiques, réalise des animations et dossiers pédagogiques et s’implique dans la maison d’édition qu’elle a cofondée. Mais aussi, elle apprécie particulièrement, les « moments rituels » partagés avec ses 4 petits-enfants et la petite-fille de son mari.
Pour ce nouveau portrait, je vous propose de découvrir où peuvent mener la résilience et la persévérance.
Bienvenue pour ce nouveau portrait, je suis heureuse de vous retrouver.
Un premier chapitre : bien loin du monde d’auteure-éditrice.
Anne est entrée très vite dans le monde du travail : « J’étais l’aînée de cinq enfants, et mes parents étaient indépendants. J’ai quitté l’école très jeune et dès l’âge de 17 ans, j’ai commencé à travailler comme indépendante dans le secteur de la pédicurie. J’avais une très belle clientèle, mais ce n’était pas réellement ce que j’aurais aimé faire. En fait, je ne savais pas ce que je voulais réellement faire dans ma vie. »
Bien des années plus tard, après plusieurs événements de la vie, Anne a une réelle prise de conscience : « Un jour, j’ai eu un déclic, je savais que je devais faire quelque chose, qu’il fallait que je me bouge. Mais, je ne savais pas vers quoi me diriger. À ce moment de ma vie, je vivais une période de séparation. Pour la première fois, j’étais partie en vacances avec mes soeurs en Tunisie. C’était tellement beau, que j’ai eu envie d’écrire à mes enfants, tous les jours, ce que je voyais. Je n’avais jamais écrit, car je ne m’en sentais pas capable. »
Anne continue à se chercher, enchaîne différents jobs, et réalise une expérience très positive auprès des jeunes enfants : « Quand je me suis retrouvée, en classe, je me suis totalement sentie dans mon élément. Je me suis dit que c’était cela que j’aurais dû faire depuis le début. J’aimais beaucoup passer du temps avec les enfants et leur inventer des histoires ! Seulement, le lendemain, ils me demandaient de les leur raconter et je ne m’en souvenais plus ! Je me suis donc dit qu’il fallait peut-être les écrire. »
Retour sur les bancs de l’école, mais en tant qu’élève…
Anne sait à présent que c’est auprès des enfants qu’elle veut travailler. Mais, à cette époque, elle ne dispose pas du titre requis pour exercer : « Dans de nombreuses situations, le fait que je n’avais pas de diplôme me faisait douter de ma légitimité, perdre confiance. Mon compagnon, Pierre m’a dit, c’est simple, tu retournes étudier ! Je suis donc retournée à l’école pour entreprendre des études d’assistante maternelle et auxiliaire primaire. J’ai pu me prouver que j’étais capable. J’ai réalisé et défendu mon mémoire. Lors de ma présentation, un des membres du jury m’a dit qu’il avait lu ce travail de fin d’études comme un livre…J’ai réussi ces études avec de très bons résultats ».
Un jour, Anne découvre une illustration de Sandra Coversand : « On y voyait une jeune fille près de l’eau, l’arrière-plan montrait la Tour Eiffel, elle était donc à Paris. Je trouvais cette illustration très jolie, elle me faisait penser à des illustrations de jeunes filles parisiennes dont le look me faisait rêver quand j’étais jeune ado. C’était ça, j’allais écrire mon premier roman en auto-édition. Il serait destiné aux jeunes ados et il serait lié à Paris. »
À ce moment, elle décide de se former à nouveau : pendant 18 mois, elle suit les différentes formations proposées par une couveuse d’entreprise. Elle analyse la possibilité de s’installer comme indépendante dans le domaine de l’édition, mais les apports financiers sont trop conséquents. Accompagnée de Pierre, ils réfléchissent aux pistes envisageables et lancent, le 15 décembre 2018, la maison d’édition « Entre deux pages ».
Une nouvelle histoire : créer une maison d’édition.
« Aujourd’hui, la maison d’édition rassemble six auteurs et plusieurs illustrateurs. Nous sommes spécialisés dans les livres jeunesse et jeunes adultes. Anne passe beaucoup de temps à accompagner les autres auteurs, avec les illustrateurs, pour la mise en page…et surtout dans les salons. »
C’est d’ailleurs, lors des salons, qu’elle constate que de nombreux parents et professionnels recherchent des outils adaptés aux enfants dyslexiques. Elle se rappelle que lors de son expérience d’assistante maternelle, elle a eu l’opportunité de suivre une conférence de Marie-Jeanne Petiniot, auteure du livre « Comprendre les DYS férences »*.
« Je voulais faire quelque chose pour ce public. Je me souvenais aussi des difficultés rencontrées par certains de mes élèves. J’ai contacté Madame Petiniot et elle a accepté de m’aider et de me guider dans la réalisation de ces travaux. J’entamais donc le premier livre « Lily et les tournesols magiques ».
Ensuite, Anne débute la collection « 10 pour Dys » : des livres plus petits et adaptés aux débutants en lecture et enfants dyslexiques. Cette nouvelle série est réalisée pour qu’ils puissent les emmener partout, elle est facile à offrir même à ses petits-enfants !
Une « Mamylit » qui écrit…et offre des histoires.
Anne me précise qu’ elle aime instaurer des « rituels » avec ses petits-enfants. Il y a, notamment celui du « restaurant ».
Quand les petits-enfants d’Anne la visitent pour deux ou trois jours : « On va au restaurant qui, entre nous, est souvent une brasserie ou une friterie. Les petits-enfants adorent ces moments de repas à l’extérieur. »
Mais aussi le rituel des cadeaux : « Pour chaque fête, il y a toujours un livre que j’essaie de faire dédicacer. »
Anne leur a même fait le joli clin d’oeil qu’ils soient illustrés dans un de ses livres !
De plus, cette grand-mère a écrit un livre sur cette relation si particulière : « Une journée avec Mamy ».
Pour les nouvelles traditions, Anne n’est jamais à court d’idées : « J’ai instauré les petites cacailles (bricoles).Cette habitude est née suite à un constat : le ressenti de mes petits-enfants quand il voyait le fêté ouvrir ses cadeaux. J’ai donc décidé de lancer ce rituel, ce sont de toutes petites choses, souvent que je recupère tout au long de l’année : un petit bracelet de perles, quelque chose de rose, une jolie boîte…On ouvre les cacailles (bricoles) avant le vrai cadeau, et maintenant elles ont toujours un véritable succès ! »
Et en parlant d’histoires, Anne trouve encore le temps d’aller les partager et en inventer avec les enfants. Ce vendredi, par exemple, elle a visité une école primaire et secondaire. « Selon la demande, j’interviens comme auteure ou comme éditrice. J’initie les enfants sur le fait que le livre est un objet précieux, qu’il faut traiter avec respect. Ensemble, nous prenons connaissance des différentes étapes de la réalisation d’un livre, toute la chaîne qu’il suit avant d’arriver entre leurs mains. »
Enfin, Anne développe, depuis peu, un tout nouveau projet basé sur la collaboration classe-auteure, les enseignants intéressés peuvent directement la contacter.
Ce que je garde de cet échange.
Anne représente un nouveau portrait de cette série de 52 grands-parents. Comme vous le savez, j’apprécie garder au fil de mes rencontres un conseil, une phrase, une anecdote de ces témoignages. Dans cette idée de transmission, je pense qu’il est essentiel de rappeler à chacun, qu’il n’est jamais trop tard pour poursuivre un de ses rêves.
Anne, merci pour cet échange de battante !
Je vous donne rendez-vous, la semaine prochaine, en compagnie de Jeannie, une grand-mère passionnée de triathlon.
Merci pour vos lectures, vos commentaires et témoignages qui me boostent pour la suite de ce projet.
À bientôt,
Coralie
* »Comprendre les DYS férences : ou l’effet boule de neige des troubles spécifiques de l’apprentissage chez l’enfant. » aux éditions Erasmes.