« La peinture » d’une icône, Monique m’initie à cette technique ancestrale qui m’est totalement inconnue.
Et les connaisseurs me reprendront, on ne peint pas une icône, on l’écrit ! Au travers de cet échange avec Monique, mon invitée de la semaine, j’ai compris combien cette précision est importante.
En me lançant dans ce défi des 52 portraits, je décidais de suivre plusieurs objectifs. L’un d’entre eux est de découvrir des personnes, des techniques et des traditions que je ne connaissais pas du tout.
Cette semaine, cet objectif a été plus qu’atteint !
Monique est grand-mère de 4 adolescents. Depuis toujours, elle aime tout ce qui touche au domaine artistique. Autodidacte dans plusieurs domaines, elle a choisi, il y a plus de 20 ans de s’inscrire à ses premiers cours d’iconographie. Elle nous partage, dans cet article cette passion, et comment grâce à celle-ci, elle permet aux enfants différents de vivre des moments de bonheurs supplémentaires.
Merci de me rejoindre pour ce nouveau portrait, qui amène découvertes et positivité.
La création, une passion qui se partage.
« J’ai toujours aimé travailler de mes mains, mais avant, mes occupations professionnelles ne me le permettaient pas. Par la suite, j’ai pu m’y consacrer un peu plus, et c’est quelque chose que j’ai toujours aimé partager mes découvertes manuelles avec mes petits-enfants. »
De plus, Monique est très curieuse dans tous les domaines artistiques. Elle pratique l’iconographie, mais aussi le travail de la terre, la mosaïque…et depuis peu, la laine feutrée : « Mes petits-enfants sont aussi tournés vers le domaine artistique. Ensemble, nous partageons des découvertes, des stages…Ils repartent, par exemple, avec une coccinelle en terre cuite, mon petit-fils me rejoint dans l’atelier et me pose des questions. Ils m’encouragent aussi et me donnent leurs avis. Dernièrement, une de mes petites-filles est arrivée à la maison, avec une de ses réalisations en laine feutrée. J’ai trouvé cela génial, et j’ai voulu, moi aussi m’y mettre ! C’est ainsi que j’ai réalisé plusieurs basiques comme une pochette pour ma tablette, des broches… »
Un événement familial qui l’amène aux icônes.
Il y a plus de 24 ans, Monique arrête le travail et accompagne son papa dans la maladie. Suite au départ de celui-ci, elle décide de se rapprocher d’une religieuses qui transmet son savoir : « Je n’avais jamais fait d’études artistiques. Je me suis inscrite dans cet atelier des religieuses Bernardines et j’y suis allée pendant une quinzaine d’années. Cela m’a permis d’évoluer, d’être passionnée tout en approfondissant ma croyance. Quand on réalise une icône, le but est de reproduire, le plus précisément possible le modèle le plus ancien que nous puissions retrouver. »
Un apprentissage qui demande du temps.
« Il y a toute une série d’étapes et de rites à respecter. L’écriture d’une icône prend généralement 6 mois. Il y a d’abord le choix et la découpe de la planche de bois. En suite, le collage du tissu, la pose des couches de plâtre, le séchage et le ponçage, pendant plusieurs jours. » En parallèle, Monique se documente sur son sujet pour mieux le connaître et entrer dans les détails. Cette approche lui procure une certaine connivence, une approche agréable. Vient à présent le temps du dessin et de la gravure.
De la peinture à base de pigments, de jaune d’oeuf et de vin blanc (Tempéra) est déposée sur toute la surface à peindre. Et ce qui fait vraiment la particularité de cette technique, c’est qu’au fil de la réalisation, l’iconographe éclaircit certaines parties. Monique m’explique : « De cette manière, la lumière va se déposer sur certains endroits. C’est un réel jeu avec la lumière qui va donner vie aux personnages ».
« Quand je suis plongée dans les icônes, je ne vois plus le temps passer. Mon mari m’a proposé d’installer un petit réveil dans mon atelier pour ne pas oublier un rendez-vous ou la préparation du souper ! »
Quand je lui demande, si elle transmet cet art, mon invitée me répond : « Je reste très humble par rapport à mes réalisations. La transmission de cette technique est une très grande responsabilité. Après 24 ans, je suis encore très exigeante envers moi-même ; les visages, les détails…D’ailleurs, avant d’appliquer la couche du vernis final, une amie iconographe passe toujours pour me donner son avis. Cependant, cette passion me permet de transmettre d’une autre façon. »
Développer cette passion pour offrir des moments de partages fabuleux aux enfants.
Monique a réalisé plusieurs expositions et certaines personnes ont souhaité acquérir ses réalisations : « L’icône est un objet religieux qui ne se vend pas. De ce fait, j’ai décidé que l’argent offert par les acquéreurs aurait un but particulier. Cet argent sert à financer des sorties pour des enfants porteur d’un handicap et scolarisés dans une école de ma région. J’ai déjà participé à plusieurs de ces sorties. La dernière, avant la crise, nous a permis d’offrir à une centaine d’enfants, à un spectacle de marionnettes. C’est dans leurs sourires que j’ai ma plus belle reconnaissance. Tu sais Coralie, j’aurais pu, certainement faire un don d’argent pour l’une ou l’autre association, mais avec la réalisation d’icônes, je décide d’offrir de mon temps et de ma personne pour arriver à ce résultat. Grâce à ma passion, je vis des moments de partages fabuleux, c’est ma plus belle récompense. »
Avant de nous quitter, Monique et moi trouvons le temps de nous donner rendez-vous cet été, pour qu’elle m’initie à la mosaïque ! Je ne manquerai pas de vous donner des nouvelles de cette transmission 😉
Vous souhaitez découvrir les réalisations de Monique et approfondir vos connaissances sur cet art ? Cliquez ici.
Merci à elle, d’avoir joué le jeu de l’interview.
Il se dit qu’un grand-père aventurier connu sera l’un de nos prochains portraits…en tous les cas depuis 30 semaines, depuis mon ordi, moi aussi, je vis une sacrée aventure ?
Et vous ?
A très bientôt pour un nouvel article et d’ici là, n’oubliez pas de transmettre !
Coralie
D’autres réalisations de Monique qui pourraient vous inspirer.
Bonjour chère Coralie,
Sujet très intéressant, mais qui demande beaucoup d’investissement, car il s’agit ici d’un art sacré très ancien.
Il demande concentration, méditation, patience, lecture de textes bibliques et compréhension; et c’est pourquoi en général cette formation est transmise par les Moniales Bénédictines.
Ici, c’est au Monastère de Bonsecours (Péruwelz) qu’il est possible de la suivre… Mais c’est très long si on ne prend pas résidence chez elles.
Maman s’y était initiée…
Moi j’ai suivit la formation pour la réalisation d’enluminures, (les enluminures sont réalisées sur du « velin » (une peau d’agneau très fine…) Vu son coût, cela peut être réalisé aussi sur du parchemin ! -aussi bien religieuses que laïques- et c’est hyper chouette…. mais demande beaucoup d’investissement en temps !
Merci pour cet interview….
Granny Nicole
Bonjour « Granny Nicole »,
Oui, passion que demande beaucoup d’investissement personnel, comme me l’a si bien expliqué mon invitée.
Très intéressant les enluminures, je ne connais pas du tout la technique 😉
Avec plaisir,
A bientôt
Nb : je pense qu’il n’y a plus de cours à Bonsecours car les soeurs ont déménagé.
Magnifique ! Et quelle belle idée de blog ! Bravo !
Bonjour Laure,
Merci d’avoir pris le temps de laisser votre commentaire et pour votre avis !
A bientôt