Et vous comment vous imaginez-vous centenaire ?
La maman de Jaak est centenaire, je l’ai appris, dernièrement. Depuis le début du projet, je souhaitais vous parler de ces personnes qui culminent en haut des pyramides des âges. En effet, les centenaires ont souvent quelque chose qui intrigue ou fascine. La rareté des centenaires et leur capacité de traverser différentes époques, nous interpellent. Et c’est bien, car les centenaires sont de plus en plus nombreux ! En effet, en France par exemple, une étude de l’Ined atteste qu’en 1900, seuls 100 centenaires étaient recencés. Aux portes de l’an 2000, ils étaient 8063 ! D’autre part, les projections pour 2060 situent le nombre de centenaires, en France, autour de 198 645 personnes. (et 27.000 en Belgique*). En effet, les soixantenaires qui nous entourent franchiront cette barre emblématique en 2060. (Les chiffres belges de Statbel se retrouvent ici).
Jaak et son épouse sont aussi des grands-parents. Et comme souvent, ils sont plein de surprises et d’ingéniosité. Entre connaissances familiales qui se transmettent et innovations, ils aiment partager du temps avec leurs petits-fils. C’est donc une interview croisée que je vous propose aujourd’hui.
Vivre 100 ans, mais comment ?
Juliette a toujours beaucoup travaillé. Dans un premier temps dans sa région natale. Ensuite, en 1957, suite à une expropriation, elle quitte cette région. Avec son époux et entourée de ses 6 enfants, elle reprend une exploitation agricole. Les journées de travail sont longues entre les cultures, les soins et la traite du bétail.
Après cette vie active, elle profite de son chez elle. Au fil des années, elle accueille ses 13 petits-enfants, 20 arrière-petits-enfants et 3 arrière-arrière petits-enfants.
Depuis quelques mois, elle a rejoint une maison de retraite. Ce 5 décembre, elle a célébré ses 100 ans : « Nous n’avons pas pu lui organiser la fête que nous aurions souhaité. Les conditions sanitaires liées au COVID ne nous l’ont pas permis. Le confinement ne nous permet plus de nous voir régulièrement, les visites sont plus rares, c’est plus difficile. Il y a un an et demi, Maman vivait encore chez elle, elle recevait des visites quotidiennes. »
Cette pandémie remet décidément bien des habitudes en question. Si vous êtes plusieurs à partager le manque de contacts avec vos petits-enfants, le témoignage de Jaak nous donne l’occasion de nous pencher sur la diminution de contacts avec nos ascendants. Ces limitations de contacts ne sont pas sans conséquences. En effet, si vivre âgé est une chose, l’environnement et les conditions dans lesquelles chaque personne veillit en sont une autre.
« Il n’est pas nécessaire d’attendre 100 ans pour être inutile » Christiane Baroche.
Dès la première lecture, nous comprenons le sens premier de cette citation. Cependant, nous pourrions rétorquer à l‘auteure : « Et pourquoi, il faudrait l’être à partir 100 ans ! »
Nous serons de plus en plus de centenaires, les chiffres le prouvent, la vague grise est en marche. Et pour permettre à chacun de se sentir utile, il faut réféléchir dès aujourd’hui, à de nombreuses questions. L’âge de la vieillesse recule, nous restons, généralement, plus longtemps en bonne santé. Mais, comment et où allons-nous vieillir les prochaines années ? Qu’allons-nous mettre en place pour maintenir l’autonomie des centenaires de demain ? En matière de logement, de santé, de liens et contacts, de participation citoyenne, de loisirs, …quels sont les désirs de nos centenaires actuels ? Quels seront les souhaits des futurs centenaires ? Comment allons-nous mettre en place des projets pour une société inclusive ? Dans la mesure où nous n’avons pas 100 ans devant nous, c’est aujourd’hui qu’il faut préparer demain !
A ce propos, d’autres personnes ont déjà débuté cette réflexion. Je souhaite vous parler d’un livre incontournable pour accompagner cette question. Il s’agit d' »OLDyssey« , de Julia Mourri et Clément Boxebeld.
Ce couple de jeunes trentaines, a décidé de réaliser un tour du monde un peu particulier. Pendant un an, ils ont voyagé afin de répertorier de nombreux projets qui rapprochent les générations. Et cette expédition est une véritable source d’inspiration. (Je vous réserve un article à ce sujet dans les prochaines semaines). Vous pouvez aussi, consultez leurs site « OLDyssey ».
Ils ne sont pas les seuls, il existe aussi, l’association Old-Up, la première association française des apprentis centenaires.
En plus de cent ans, certains gestes traversent les générations.
C’est ce que nous prouvent Jaak et son épouse, quand ils accueillent leurs petits-enfants. « Nous sommes beaucoup au jardin avec nos petits-enfants. Ils ont eu l’habitude de nous suivre dans les cultures depuis tous-petits. Ici, c’est un peu une seconde maison pour eux. Nous habitons dans un village, qui se situe au milieu du chemin des habitations de nos enfants. C’est facile de passer chez nous, de s’arrêter à l’improviste, et on aime cela. Tout se fait naturellement. Chez nous, les petits-enfants n’ont pas peur de salir, on les guide pour apprendre à cultiver les fleurs et les légumes. Quand ils arrivent ici c’est plein de vie ».
La transmission liée à la culture de la terre est donc encore bien présente. Ces apprentissages sont complétés par des projets communs avec les petits-enfants. Jaak est retraité, mais il a soudé toute sa vie. Ses petits-fils sont souvent curieux de ses créations : la porte du poulailler, la luge de la génération précédente…cela donne des idées.
« Dernièrement, un de nos petits-fils, qui est très actif et sportif, a demandé à son grand-père de lui construire une structure de suspension. Une vraie construction comme celles que vous pouvez trouver à la salle de sport. Jaak, lui a demandé de réaliser un croquis. Après étude et précisions de celui-ci, Jaak a réalisé le plan sur base des dessins de Simon. Il a ensuite, soudé le projet. Nos petits-fils étaient ravis de ce nouveau jeu. Mais ce qui leur plaisait encore plus, c’était de recevoir quelque chose d’unique, qui ne sortait pas du magasin ! »
Un rôle à savourer…
Je termine mon interview avec Claudine et ces quelques mots : « Quand on est grand-parents c’est un nouveau rôle qui se dessinne. On est moins dans l’éducation. On a la chance d’avoir les petits qui sont proches de chez nous, ce qui nous laisse de nombreux moments pour profiter de cette nouvelle position familiale ».
Merci à Jaak et sa famille pour le partage de ce témoignage.
Je garde l’idée de m’entretenir, une prochaine fois, directement avec un-e centenaire. Vous pouvez m’aider ? Ecrivez-moi, dans les commentaires 😉
Et vous, avez-vous des idées en lien avec les futurs centenaires ?
La semaine prochaine, je vous retrouve en compagnie de Dominique. Cette grand-mère est institutrice. Depuis quelques mois, elle collabore à un super projet gratuit, ouvert à tous et qui fait voyager : les petits cailloux !
Au plaisir de vous retrouver.
Coralie
Qui est mon invité ?
Jaak est un grand-père de la région tournaisienne.
Il est le papi de 4 petits-graçons :
Arnaud (16 ans), Alexandre (14 ans), Simon (11 ans), Marceau (9 ans).
Sources :
*Editions l’Avenir : https://www.lavenir.net/cnt/211748
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