grand-mère engagée nature
24 janvier 2021

Comment Myriam est une grand-mère engagée pour le climat ?

Par Coralie

Ce 24 janvier, Myriam, prendra la parole à Bruxelles, Place du Luxembourg, à l’invitation de Rise for Climate. Cette grand-mère sera une des participantes de la manifestation-anniversaire des 2 ans-de la « Marche pour le climat ». Souvenez-vous, le 24 janvier 2019, en Belgique, 35.000 jeunes étaient descendus dans la rue pour demander plus d’engagement et de justice pour le climat. A cette époque, Myriam et d’autres grands-parents étaient allés les encourager depuis le trottoir : « Je me souviens très bien de cette journée. J’étais avec d’autres personnes au bord de la route. Nous souhaitions encourager cette initiative des jeunes qui étaient si nombreux. Il y avait lors de cette manifestation une très belle énergie positive ».

Depuis deux ans, Myriam a rejoint les membres du groupe « Grands-Parents pour le climat ». Elle s’engage, particulièrement, dans le plaidoyer envers les décideurs politiques, une des 3 missions des GPC. Cette « belle grand-mère » de deux petits-enfants, a toujours été sensible à la nature.

Pour ce nouveau portrait, je vous propose de suivre Myriam, dans ses nombreuses démarches. Car comme l’annonce le site des GPC: « les grands-parents pour le climat aiment associer ce qu’ils font à ce qu’ils disent ».

Des grands-parents engagés pour le futur.

« Nous avons le droit, le temps et le devoir de rêver un monde meilleur pour nos petits-enfants ». Les GPC sont animés par un sentiment de bienveillance mais aussi envers leurs descendants. Depuis 2015 en Belgique francophone, et 2018 en Belgique néerlandophone, plus de 3 400 grands-parents belges ont rejoint ce groupe. Myriam développe : « Nous travaillons selon 3 missions prioritaires : la transmission envers les jeunes, le changement de nos modes de vie, et le plaidoyer politique. Dans la poursuite de ces axes, nous organisons de multiples activités. Certains interviennent dans les écoles pour des partages d’expériences, d’autres réalisent des séances d’informations sur les défis climatiques. Des marches de découverte de la nature sont organisées, mais aussi des actions plus politiques ». Et c’est dans ce domaine que Myriam a dirigé son engagement : « Le 18 janvier, je suis allée déposer à vélo, notre lettre  de vœux au Premier Ministre, Alexander De Croo. Mais aussi aux ministres et secrétaires d’Etat fédéraux concernés par les 5 points d’attention à propos desquels nous aimerions pouvoir échanger avec nos responsables politiques. De même, malgré la crise sanitaire et les mesures en vigueur, les GPC restent actifs et s’adaptent : « Nous avons organisé nos Midis du Climat, en visioconférence. J’aime particulièrement ces moments où nous invitons un expert à nous accompagner dans nos réflexions. Dernièrement, nous avons abordé l’écologie sous l’angle philosophique, en compagnie de Charlotte Luyckx, philosophe. Ou encore, nous avons poussé le questionnement sur les liens entre climat et social en présence de Christine Mahy, l’extraordinaire secrétaire générale du Rassemblement Wallon de Lutte contre la Pauvreté.  Je dois encore faire le montage vidéo de cette conférence ! Ces moments sont souvent très intéressants ».

D’autres grands-parents s’engagent dans des écoles, dans des coopératives, des potagers collectifs et s’inspirent de leurs voisins GPC présents dans de nombreux pays.

une grand-mère engagée pour le climat

Myriam lors du dépôt de la lettre de voeux.

Vers un mouvement international ?

Le groupement GPC dépasse nos frontières. « Nous avons très souvent des contacts avec les Suisses. Nous aimons beaucoup ces échanges, ils sont très actifs et inspirants. Il existe aussi des groupes en France, Allemagne, aux Pays-Bas, au Canada, aux USA…mais pas encore en Italie. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de tous nous croiser virtuellement, mais cela fait partie de nos projets. Nous espérons que ces rencontres avec d’autres pays pourront, dans un futur proche, se développer ».

Vu que nous parlons d’autres pays, je lui parle de Yande Dao. J’ai découvert, cette grand-mère sénégalaise, lors de ma lecture du livre « Oldyssey » co-écrit par Julia Mourri et Clément Boxebeld. Cette doyenne d’un village sénégalais, s’engage à replanter des arbres de la mangrove pour lutter contre les effets du réchauffement climatique. Myriam se montre très intéressée et m’apprend l’existence du projet « Un enfant, un arbre« . Ce projet qui permet d’apprendre, à des jeunes du Saël, de replanter des arbres autour des écoles. La création de ces clôtures vertes, en compagnie d’autres villageois, poursuit la transmission de gestes liés à la culture, mais aussi la sensibilisation à un futur plus durable.

Slogan Grands-Parents pour le Climat

Un des slogans des Grands-Parents pour le Climat. Photo de Lagasse Stéphane.

Un passé qui a influencé le présent.

Je demande à Myriam, si elle a toujours eu cet engagement envers la nature et l’écologie. Elle m’emmène dans son enfance : « Il y a quelque chose d’inscrit, depuis longtemps. Petite, j’habitais à la campagne, à cette époque, nous allions à l’école à pieds. Les enfants les plus âgés de la rue étaient chargés d’accompagner les plus jeunes sur le chemin. De mes 3 à 10 ans, j’ai donc fait, quotidiennement, ces 5 kilomètres, dans la nature. Dans les années 70, mon lien avec la nature a été réactivé par un ami qui m’a sensibilisée à la nourriture biologique, au régime végétarien… Plus tard, dans le cadre de mon travail lié au syndicalisme international, j’ai été amenée à réaliser un tour du monde. Sensible aux inégalités Nord-Sud, à la question alimentaire dans le monde…je me souviens particulièrement d’une rencontre avec des jeunes scientifiques français sur une île des Philippines. Nous étions en 1980, ils étudiaient, déjà, les conséquences du réchauffement climatique sur les récifs coralliens. Les résultats de cette étude m’avaient fortement interpellée, hélas ceux-ci n’ont fait que s’empirer ! Plus tard, j’ai contribué au lancement du projet RISE (Réseau Intersyndical de Sensibilisation à l’Environnement) en Wallonie (1996), avec la FGTB Wallonne, ainsi que son homologue BRISE en Région bruxelloise (2004). Cela m’a aussi beaucoup amenée à réfléchir au croisement entre entre les questions sociales et d’aménagement du territoire. Ainsi à la CSC de Bruxelles, nous nous sommes positionnés fermement contre les projets d’implantation de trois hypers-centres commerciaux, dans et autour de Bruxelles. »

Aujourd’hui Myriam est retraitée et « Belle grand-mère » : « J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé d’autre nom. Je vis dans une famille recomposée où je suis grand-mère de coeur de deux petits-enfants. Avant la crise, je les emmenais très souvent au parc. Je rêve, après tout cela, de partager avec eux des moments plus longs en pleine nature. »

Un message pour les autres grands-parents.

Je sais que l’exercice n’est pas facile, souvent, c’est sur cette question que mes invités hésitent. Myriam, elle, a directement un message.  « Quand on pense à nos enfants et nos petits-enfants, on se dit que ce qu’ils vivent pour le moment n’est vraiment pas drôle, mais que l’avenir quant à lui sera encore bien plus exigeant et redoutable. Mon message est inspiré par Greta Thunberg. Elle a expliqué, que la situation écologique l’avait fortement déprimée lorsqu’elle avait 10-12 ans. Ce qui lui a permis de reprendre pied, c’est le fait de se mettre en action, d’affirmer qu’il fallait que les choses changent. »

Myriam complète cette idée : « J’ai envie de dire aux autres grands-parents que nous avons chacun un espace et un domaine, voire plusieurs, sur lesquels nous pouvons agir. Certains d’entre nous disposent d’importants leviers individuels ( une épargne importante, la propriété d’un ou plusieurs biens) d’autres de leviers plus modestes.  Mais pour toutes et tous, la possibilité est aussi offerte de se joindre à des actions collectives…ou de les créer.  Il y a tant de choses à mettre en place, petites et grandes.

Nous sommes dans une course contre la montre, ne l’oublions pas. Il appartient à chacun de prendre ses responsabilités…et de choisir ce qui a le plus d’impact sur les économies d’énergie  fossiles.
Ainsi, isoler les murs et le toit de sa maison est à faire avant d’installer des panneaux solaires; utiliser les transports publics le plus possible aura plus d’impact que de trier ses déchets…
Rien que pour notre consommation numérique, les exemples sont nombreux. Au lieu d’envoyer toutes les photos de votre dernière expédition, pourquoi ne pas choisir les deux plus

Pollution numérique de Trenchophotography sur Unsplash

belles, les vidéos non-artistiques peuvent être regardées dans une qualité moindre, les téléphones portables peuvent souvent être utilisés plus longtemps…Le secteur du numérique à l’échelle mondiale a émis en 2018, 4% des gaz à effet de serre , autant que le secteur aérien, et cette pollution augmente chaque année de 9%. Ce sera encore bien plus si la 5G se généralise. Très simplement, nous pouvons tous faire de petites choses, mais n’oublions pas les grandes. J’insiste et me répète, il nous appartient de contribuer, chacun à notre mesure, et collectivement, à une transformation profonde de nos économies et de notre mode de vie….ce qui peut aussi nous amener plus de joie . C’est aussi faire droit au cri de nos petits-enfants qui s’est exprimé dans la rue

Je remercie Myriam, pour le temps consacré à cette interview.

Je vous donne rendez-vous, la semaine prochaine, en compagnie d’un autre invité.

A bientôt

Coralie

 

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Plus d’infos sous ce lien : Grands-Parents pour le climat.

 

 

 

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