Socio esthéticienne : un métier qui fait sens dans les maisons de retraite !
Suite à mon passage à la télévision, j’ai eu la chance d’être contactée par Aurélie. Cette socio esthéticienne belge a ouvert son centre de soins « Toi d’abord ». Celui-ci a l’avantage de devenir parfois itinérant pour proposer, notamment, des soins esthétiques en maison de retraite.
J’ai découvert la socio-esthétique, il y a quelques années, lors de mes études. Cependant, les échanges et les partages avec Aurélie, m’ont rappelé à quel point cet accompagnement professionnel a des répercussions positives pour les résidents.
Comme l’une des missions de « Faut pas pousser MamY » est de faire découvrir d’autres manières de « prendre soin », j’ai décidé de vous offrir, aujourd’hui, une interview consacrée à Aurélie et son activité dans les résidences. Et comme à chaque fois des pistes pour aller plus loin !
Contente de vous retrouver, en compagnie d’ une nouvelle professionnelle passionnée.
Un métier aux multiples publics.
La socio esthétique s’adresse prioritairement à un public fragilisé, en souffrance. Il faut bien l’admettre, en Belgique et en France, nous connaissons surtout cette profession dans le cadre de l’accompagnement des personnes touchées par un cancer. Et pourtant, la socio esthétique s’adresse à différents publics tels que les personnes incarcérées, les personnes précarisées, les personnes handicapées…
C’est d’ailleurs lors d’un contact avec ce public qu’est née la vocation d’Aurélie : « J’étais en pleine transition professionnelle, je me cherchais. J’ai participé à une journée de collecte de déchets où un centre pour personnes handicapées était également présent. Cela m’a ouvert les yeux, j’ai compris que je souhaitais exercer un métier auprès de personnes authentiques où la relation est entière. »
De ce fait, elle doit dans un premier temps se former à l’esthétique, puis compléter sa formation par une spécialisation en tant que socio esthéticienne.
Une approche basée sur les sens qui fait sens !
Aurélie m’explique d’emblée, qu’elle est en formation perpétuelle : « Cet accompagnement demande beaucoup d’écoute, de patience et d’empathie. » Elle me précise qu’une des composantes essentielles de la socio esthétique est le toucher. « Souvent, je débute mes accompagnements par un massage des mains et une pose de vernis. Cela permet à la personne de rentrer en contact avec moi sans se dévoiler. Je propose aussi des soins du visage, des massages du dos, des épaules et de la nuque. J’apporte une écoute et une présence individuelle au résident dans un climat de bienveillance. Pour certains, le toucher apporte du réconfort, de la douceur. Il est difficile de mettre des mots là-dessus, mais la manière dont ces personnes me serrent la main avant que je ne parte traduit que j’ai compté pour eux. »
Des bienfaits remarqués.
Avec les équipes de professionnelles, Aurélie remarque les bienfaits apportés par ses soins : « On remarque moins de stress, d’anxiété, de nervosité et d’angoisses. Pour certains, les tremblements diminuent, ils ressortent des soins relaxés ce qui diminue les tensions avec les autres résidents et/ou le personnel. »
Et pour mettre de l’eau au moulin de ces observations, je décide de vous citer un extrait d’un passage d’une de mes lectures actuelles. Dans le livre « Humanitude », co-écrit par Yves Gineste et Jérôme Pellisier, une fiche est spécialement dédiée au toucher. Elle se nomme : « Comment nous sentons-nous touchés ? ». A la fin de cette fiche, ils reprennent les découvertes de l’étude de Hakan Olausson, Yves Lamarre et al.*
« Jusqu’à présent, on connaissait les fibres nerveuses qui nous permettent de ressentir lorsqu’on nous touche, certaines informations : le type de contact, la température, la douleur, la vibration, ect. Depuis quelques années, on a découvert qu’existait aussi un réseau de fibres nerveuses indépendantes des autres, reliées à une aire spécifique du cerveau, et sensibles…au plaisir. Ces fibres sont uniquement activées quand le toucher est lent, doux et vaste. »
De plus, le regard, les odeurs des produits utilisés entrent également en compte dans les soins. La socio esthétique travaille sur l’identité de la personne, le fait d’exister, sa confiance en soi et la relation aux autres.
Mais alors pourquoi ce n’est pas plus reconnu ?
De nombreux professionnels des résidences pour seniors mesurent les bienfaits des « activités esthétiques » et proposent des ateliers bien-être. Cependant, les ateliers proposés doivent se limiter à des soins très basiques. Les socio esthéticiennes ont reçu une formation spécifique pour des soins adaptés aux pathologies, aux changements de peau…
Pour le moment, la socio esthétique représente la moitié des rendez-vous d’Aurélie : « J’interviens tous les 15 jours dans une maison de repos de ma région où je propose un service complémentaire pour leurs résidents. Certaines familles me contactent également directement pour intervenir auprès d’un de leurs proches. Je complète ces interventions avec mon cabinet d’esthétique, mais j’aimerais réellement que l’axe de la socio esthétique se développe. »
Comme souvent, le budget peut représenter un frein. Cependant, des solutions pourraient voir le jour, comme par exemple créer des partenariats avec les professionnelles du secteur pour proposer des ateliers conjoints, offrir un soin « cadeau », ou encore voyons plus loin, que cette profession soit reconnue par l’assurance maladie.
En effet, comme vous l’avez constaté la socio esthétique a des répercussions sur le bien-être physique, mental et social…ce qui est la base de la définition de la Santé de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Enfin, quand je lui demande pourquoi le nom de cet institut itinérant : « Toi d’abord, car il faut être bien pour s’occuper des autres. Cette bulle que je propose aux personnes, leur permet de se recentrer, de s’occuper d’eux, de recharger les batteries avant de retourner vers les autres. »
Aidez-nous à faire connaître la socio esthétique en maison de retraite.
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N’hésitez pas non plus à contacter Aurélie, si vous avez des questions complémentaires ou peut-être l’envie de créer quelque chose avec « Toi, d’abord ».
Il se dit même, en coulisses, que nous pourrions proposer quelque chose ensemble dans les prochains mois.
Merci Aurélie pour le temps consacré à cette interview et de nous montrer qu’un autre accompagnement est possible 😉
A bientôt, la compagnie pour d’autres découvertes.
Coralie.
* »Unmyelinated tactile afferants signal touch and project to insular cortex », Nature et Neuroscience, sept 2002.