ShareAmi : apprendre une langue avec un correspondant d’une autre génération en visio, vous y avez pensé ?
Il y a quelques semaines, dans un autre article, j’abordais brièvement le projet « ShareAmi ». Séduite par ce concept basé sur des échanges par visioconférence, je voulais en savoir plus. Comment des jeunes qui apprennent le français rentrent en relation avec des personnes âgées francophones ? C’est pour cette raison que j’ai contacté l’association « ShareAmi », qui m’a présenté une de ses volontaires Hélène.
Et pour cause, cette jeune retraitée connaît bien le projet. À plusieurs reprises, elle s’y est déjà impliquée pour différentes missions. Car à « ShareAmi », on peut choisir son type d’engagement et il se fait avec des personnes du monde entier ! L’engagement est aussi limité dans le temps, 1h00 semaine pendant 3 mois.
Dans ce portrait, Hélène clarifie ses missions, ses rencontres, la plus-value d’un tel projet pour nos sociétés…
Pour ceux qui n’avaient pas encore compris, je suis conquise ! Si vous avez encore un doute, lisez cet article, vous vous demanderez simplement pourquoi personne n’y a pas pensé plus tôt !
Pour la 41 ème fois, je vous retrouve pour ce défi, et cela me rend toujours aussi heureuse.
Une fois de plus la crise sanitaire a accéléré le projet !
Et cela, c’est quelque chose d’intéressant. Depuis le lancement du site, je constate que de nombreux porteurs de projets ont dû se réinventer suite au Corona. D’ailleurs, la crise sanitaire a parfois été le moment idéal pour façonner des projets en latence. Le projet « ShareAmi » a voulu dès mars 2020, répondre à un problème social urgent, cette période confrontait plusieus générations à plusieurs défis.
Hélène précise« Julia et Clément ont réalisé un tour du monde de la vieillesse*. Ils voulaient observer la manière dont on vieillissait dans le monde et récolter des expériences positives liées au vieillissement. Lors de ce voyage, ils ont découvert le projet « Speaking Exchange ». De jeunes étudiants brésiliens apprenaient une langue avec des seniors grâce à ce projet d’échange linguistique intergénérationnel. Quand le confinement s’est présenté, ils se sont questionnés sur ce qu’ils pourraient mettre en place. Comment lutter contre l’isolement des personnes âgées isolées et l’isolement des étudiants ? Car pour la première fois, ce public était, lui aussi, touché par la diminution des contacts : les universités ne dispensaient plus leurs cours, les jeunes ne pouvaient plus se croiser,…ils ont eu l’idée d’adapter l’expérience découverte au Brésil grâce à l’appui des nouvelles technologies. »
Un projet entre générations gagnant-gagnant.
Et ce qui est particulièrement intéressant dans ce projet intergénérationnel, et qui explique en partie son succès, c’est que chaque personne engagée dans celui-ci y trouve des bénéfices.
Chez les plus âgés, ce projet renforce le sentiment d’utilité et éveille parfois à certains outils numériques :
« Au départ, je me suis investie dans un duo avec une jeune anglaise. Actuellement, je suis facilitatrice et j’adore cette mission. Je crée une boucle d’échanges à destination des duos. Je les contacte pour fixer un premier rendez-vous en visio-conférence tous les trois. J’ai donc beaucoup de rapport avec les plus âgés, qui parfois ont un peu d’angoisse à utiliser ces outils numériques. (tout comme moi au début). Je leur explique ce que j’ai appris, une certaine complicité se crée et nous pouvons alors programmer la rencontre. Lors du premier échange, je participe au début. Le duo définit leurs dates de rencontres pour les 3 mois et je reprends un contact avec eux tous les mois. Je rencontre des personnes fantastiques et investies. Certains ont parfois peur de ne pas savoir de quoi discuter lors de ces échanges, mais très vite des liens se nouent. Je pense notamment à un Monsieur de la région de Marseille qui était en duo avec une canadienne. Il lui parlait de sa région, cherchait des articles sur des sujets qui intéressaient son apprenante pour lui envoyer, et lors d’un de ses séjours en France, ils se sont même rencontrés. A la fin de l’engagement de 3 mois, je reprends contact avec le duo et nous faisons le bilan. »
Chez les jeunes participants, les statistiques sont plus qu’encourageantes, en effet, 95 % des apprenants des 30 premiers duos ont déclaré se sentir plus à l’aise en français suite à la participation à ce projet.
Un concept plein d’avenir.
Et à ce jour, 8 001 apprenants répartis dans plus de 120 pays souhaitent participer au projet. ShareAmi, rassemble 621 seniors, 81 bénévoles actifs et a déjà formé 168 duos.
Depuis quelques semaines, Hélène réalise aussi une tournée des maisons de retraite et des centres communaux d’action sociale : « Nous aimerions aussi grâce à ce projet ouvrir les maisons de retraite vers le monde extérieur. Ce qui reste parfois difficile dans ces lieux de vie, c’est l’accès au matériel et à la connexion. C’est pourtant un excellent moyen pour créer du lien dans les EHPAD. J’ai rencontré, il y a peu, dans une résidence une vingtaine de personnes intéressées. D’ailleurs, une dame de plus de 90 ans souhaitait vivement participer à un duo. Nous réfléchissions à ce que nous pourrions mettre en place pour créer des ponts avec ce public. Dans les résidences seniors, aussi, nous aimerions développer ShareAmi, là les personnes possèdent souvent leurs propres tablettes. «
Comment ce projet est-il financé ?
En 2020, ce programme a été lauréat du programme d’Entrepreneurs de 21 de la Croix-Rouge. Il est également, en partie, soutenu par la Carsat Normandie, Ag2r la Mondiale et le Rotary Club. Mais l’accroissement que pourrait connaître le projet reste à financer. Ainsi des fonds permettraient notamment de constituer une équipe professionnelle dédiée au projet et sa pérennité, de développer des outils et process de qualité et d’accompagner la communauté active des bénévoles. Car ils sont un maillon essentiel de ShareAmi et Hélène résume.
« Je trouve ce projet fantastique et j’ai un très beau retour sur mon engagement. Et puis en tant que maman, de Julia, une des conceptrices du projet, je ne pouvais que les soutenir et les aider dans la construction de celui-ci. Vous savez, quand vos enfants sont installés dans la vie courante et qu’ils vous annoncent qu’ils vont tout quitter pour faire le tour du monde pendant un an, c’est surprenant. De plus, quand ils vous précisent que le thème de leur voyage sera les vieux, et bien cela l’est tout autant. Quand vous voyez qu’ils travaillent dur pour lever des fonds, qu’ils s’investissent dans ce qu’ils font, et que vous assistez à la naissance de tels projets ou d’autres comme les « Confinades », vous ne pouvez que les soutenir. Et en plus, dans ce bénévolat, je me sens jeune ! »
Et si vous aussi vous partagiez avec un ami ?
Voici donc un projet qui rassemble, une fois de plus les générations. Envie de participer à ce projet en tant qu’apprenant, correspondant ou facilitateur, suivez ce lien ShareAmi.
Et vous avez-vous déjà eu un correspondant ? Que pensez-vous du concept ShareAmi ?
Seriez vous prêt à vous y inscrire, comme apprenant ou comme correspondant ?
Laissez-moi vos réponses en commentaires.
On se retrouve la semaine prochaine, et nous prendrons la direction de Vienne, une de mes gros coups de coeur City Trip !
En attendant, n’hésitez pas à découvrir mes 40 autres portraits sous ce lien 😉
Coralie
*De ce voyage est né « Veillir ensemble » un tour du monde des solutions qui rapprochent les générations. par Julia Mourri et Clément Boxebeld.
Cliquez ici pour voir la vidéo.
Quel projet incroyable et très beau. Merci d’en parler.
Oui,un projet qui mérite d’être connu ! Merci pour votre commentaire.
Incroyable ! Jamais entendu parlé. Tout le monde devrait connaître. Merci Coralie pour ce partage. Je partage de suite, je connais déjà quelqu‘un qui va être emballé.
Avec plaisir pour le partage vu que « Faut pas pousser Mamy » est le site qui se partage entre générations 😉
Si cette personne s’implique, donne-nous des nouvelles, cela nous fera plaisir.