Zoom : quand un projet de visioconférence permet de renouer le contact intergénérationnel !
Et si les nouvelles technologies permettaient de renouer le contact ? C’est sur cette hypothèse, que se sont basées Mélissa De Rouck et son équipe, pour développer ce projet intergénérationnel.
Depuis plusieurs années, ces professionnelles de l' »Accueil Temps Libre » du Service des affaires sociales de la Ville de Beloeil, mènent divers projets intergénérationnels.
Comme partout, la crise Covid est venue bousculer l’organisation. Cependant, Mélissa nous explique comment les liens ont pu se renouer, grâce aux nouvelles technologies.
Je suis heureuse de vous retrouver pour une nouvelle idée inspirante. Direction la Belgique, et plus particulièrement la ville de Beloeil pour découvrir cette initiative positive.
Une crise sanitaire qui bouscule des projets intergénrationnels bien rodés.
Le service Accueil Temps libre mène déjà depuis plusieurs années, des projets intergénérationnels. Ce qui est réellement intéressant dans leur démarche, c’est que les projets envisagés s’inscrivent dans la durée.
En effet, les projets instaurés jusqu’à la veille de la pandémie permettaient de créer et maintenir des liens : « Jusqu’en 2020, tous les deux mois, les enfants accueillis par l’Accueil Temps Libre àla Récré culturelle du mercredi après-midi, venant de l’infrastructure de Stambruges, se déplaçaient jusqu’à la maison de repos « Les Bruyères », pour partager le repas avec les résidents. Ce moment était devenu une habitude tant pour les résidents que les enfants. Chaque participant avait, dans la mesure du possible, une table et une place attitrée. Et pour satisfaire tout le monde, le menu comportait toujours des frites ! Il faut se l’avouer, nous arrivions à convaincre certains participants grâce au menu. Mais au fil de ces rencontres, nous constations que des liens se créaient entre les enfants et les résidents. Par exemple, dans la cour de récréation, le matin des visites, les discussions vont bon train au sujet des petits présents. Les enfants réalisent souvent de petits bricolages ou cadeaux pour les aînés. Des valeurs passaient derrière ces rencontres comme la transmission, l’écoute et le partage. »
Les jours de pluie, les enfants empruntaient donc le bus direction la maison de repos. Quand il faiait bon, ils s’y rendaient à pied. D’ailleurs, c’est un peu tout le monde qui s’adapte à cette organisation. « Le repas est un peu retardé, lors des visites des enfants. Il est servi à 12 h 45, le personnel aide-soignant, qui s’efforçait ensuite de s’installer pour prendre le repas. Tous s’adaptaient à cet impératif. »
Un repas et des activités.
De plus, tous les enfants, de tous réseaux scolaires confondus, fréquentant la Récré culturelle du mercredi, se rendaient tous les deux mois à cette même maison de repos afin de participer à des activités intergénérationnelles le temps d’un après-midi. « Les activités étaient toujours variées et ciblaient toujours une tranche d’âge spécifique au niveau des enfants. La visite du Grand Saint était réservée aux tout petits, la réalisation des crêpes à la chandeleur aux grands, la dégustation des œufs à la coque la veille de Pâques aux moyens…’’
Néanmoins, cette organisation bien rodée a été mise à l’arrêt à cause de la pandémie.
Cependant, le dynamise des équipes a permis à cette initiative de se réinventer !
Se réinventer grâce aux nouvelles technologies.
Comme vous le savez, les normes sanitaires ont fortement limité ou interdit les rassemblements. De ce fait, de nombreux professionnels ont dû rechercher des solutions.
Dans ce cas de figure, les équipes ont donc décidé de s’aider des nouvelles technologies et plus particulièrement des visoconférences. Elles ont réalisé le premier « Bingo Intergénérationnel en ligne ».
» Nous avons installé des écrans, les projecteurs et la sonorisation adéquate dans les 3 lieux : à la maison de repos, au sein de la classe avec les enfants et dans mon bureau de l’aide Sociale. Nous avions aussi prévu les grilles et les petits cadeaux pour les gagnants. Il y avait pour cette partie, 9 résidents de la maison de retraite et 9 enfants âgés entre 6 et 12 ans. Je tirais les numéros et les inscrivais en direct sur mon partage d’écran, ainsi chacun pouvait toujours suivre. Nous n’avons eu aucun souci de connexion. Mais ce qui a réellement été surprenant, c’est le temps d’échanges libres qui a suivi cette animation. »
Renouer des liens.
En effet, comme me l’explique Mélissa, cette activité a aussi permis de renouer les liens précédemment tissés : « A la fin de la partie, les enfants se sont approchés spontanément de l’écran. Ils ont commencé les échanges directs. Les enfants interrogeaient les résidents : Tout va bien là-bas ? Ils demandaient des nouvelles des uns et des autres. Une autre question traitait d’un prochain retour à la maison de repos, peut-être masqué ? »
Pour les porteurs du projet, cette activité a été une réelle réussite. Toutefois, Mélissa tient à souligner quelques précautions à prendre : » Nous travaillons tous ensemble pour préparer ces rencontres. Par exemple, quand nous proposons une idée, les ergothérapeutes nous fournissent une liste de caractéristiques à adapter. Par exemple, pour le Bingo, les résidents utilisaient des boutons à placer sur les chiffres, pour les enfants, nous colorions la case. De plus, je ne pensais pas que cette activité demanderait autant de temps de préparation. Il faut rassembler le matériel, le déposer, faire les tests, cela demande une certaine intendance. Mais cela en valait la peine, car à la fin de l’activité, plusieurs participants nous ont demandé si nous avions prévu une prochaine réunion virtuelle. »
Les professionnels pensent réaliser un Quiz, mais ils ont surtout travaillé sur le programme de la fête intergénérationnelle, qui généralement a lieu en avril.
La fête de l’intergénérationnel, elle aussi adaptée grâce aux nouvelles technologies.
Et pour cette fête annuelle, les équipes ont décidé de travailler sur le thème de la transmission de manière générale : « Notre entité* regorge de richesses et de lieux où les acteurs des générations passées pouvaient se croiser, se retrouver et se rencontrer. »
Et pour arriver à leurs objectifs, le service a créé un jeu intergénérationnel en ligne : « Nous avons dispersé 8 lettres dans les villages de l’entité. Huit capsules vidéos reprenant des indices sur les lieux, avaient été réalisées et postées sur les réseaux sociaux. Une fois l’endroit reconnu, les participants devaient se rendre sur place. Là, ils découvrent le récit d’un passeur de mémoire et une lettre mystère. Une fois les lettres trouvées, les participants devaient reformer le mot secret. Celui-ci était envoyé au service pour déterminer si la mission était réussie et espérer remporter un prix. »
En quittant Mélissa, celle-ci m’explique, également, qu’un papy jardinier intervient au sien de la Récré culturelle du mercredi après-midi : « De septembre à juin, il venait tous les mercredis pour créer et entretenir, des carrés potagers avec les enfants. Les enfants sont conseillés, entretenaient le jardin et remplissent un petit calepin de mémoire. Nous avons hâte de le revoir. »
Nous travaillons beaucoup l’intergénérationnel selon les saisons et les moments forts de l’année. L’année passée par exemple, nous avons adapté l’idée juste géniale du calendrier de l’Avent que vous aviez proposé à « Faut pas pousser Mamy ». Et cela a plu autant aux enfants qu’aux réseidents. D’ailleurs, nous avins déjà prévu les dates des ateliers de confection 2021-2022 !
Au fil de l’année, nos équipes essaient de proposer des activités à la croisée de l’enfance et des personnes plus âgées. Car savoir, c’est se souvenir… »
Et dans les prochains mois.
Avant de clôturer cet échange, Mélissa m’a raconté un petit secret que je peux vous dévoiler : bientôt, elle réalisera un cahier de jeux intergénérationnels qui sera disponible sur simple demande au sein de son service.
Voilà donc quelques idées inspirantes pour vos futurs projets ! Merci à Mélissa pour cette interview, bravo aux équipes !
Par le biais de cet article, je voulais vous montrer, une nouvelle fois, que même si les nouvelles technologies ne remplacent pas les liens directs, elles peuvent être un excellent outil complémentaire.
Vous savez, peut-être, que c’est un de mes sujets de prédilection. En effet, depuis plus d’un an maintenant, je maintienais un lien particulier avec ma grand-mère grâce à la visioconférence.
Si cela vous intéresse, j’ai écrit un autre article à ce sujet, juste ici.
Et vous ?
Et vous, les nouvelles technologies vous permettent-elles des contacts intergénérationnels ?
Développez-vous des idées originales pour faire de ces outils un plus ? Un outil supplémentaire de contact ?
Si c’est le cas, je serais ravie de lire votre réponse dans les commentaires, ci-dessous.
A bientôt pour d’autres découvertes de projets qui rapprochent les générations.
Coralie
*rassemblement de villages en Belgique.