Jean-Phillipe, le nouveau chef de gare destination transmission.
Peut-être, avez-vous, vous aussi, découvert Jean-Philippe, dans l’émission de TF1 « Grands Reportages »(diffusion le 06/20/2021). Ce passionné du monde ferroviaire, est devenu en 2019, le propriétaire de la magnifique gare de Pontivy.
Mon portrait a réussi à faire d’un rêve personnel, un véritable projet de transmission, et un lieu de connexions qui reliera de multiples générations.
C’est avec grand plaisir que le départ est annoncé en voie 4 : « Chers Voyageurs, oubliez votre train-train quotidien. Le train à destination de Pontivy est annoncé en voie 4. »
En voiture, avec ce chef d’une gare hors du commun !
Une passion née à Halluin, dans son enfance.
D’origine belge, Jean-Philippe habitait Halluin. Fils de commerçants, ses parents gèrent une entreprise qui ne leur permet pas de partir en vacances. Pour s’évader, Jean-Philippe se rend très souvent à la gare toute proche. « Entre 13 et 25 ans, j’y étais tout le temps. C’est là que j’ai tout appris. Le personnel m’avait pris sous son aile et j’ai découvert différentes facettes des métiers. Les habitants du quartier m’appelaient même l’enfant de la gare ! C’est là qu’est née cette passion pour le monde ferroviaire. De plus, j’aimais passer beaucoup de temps auprès des anciens du village. Mes copains appréciaient sortir en boite. Moi, j’y étais allé pour l’obtention du BAC et je m’y étais ennuyé ! J’étais bien à la gare et auprès des gens. Quand la gare a été fermée, j’ai vécu cela comme une grande frustration. En 1989, à sa démolition, je me suis dit que c’était une grosse bêtise… »
Par la suite, Jean-Philippe passe des épreuves pour un poste dans ce domaine qu’il affectionne. Les réponses tardent, il s’installe donc, lui aussi, comme indépendant. Chargé des relations commerciales, il sillonne la France : « J’avais des clients dans toute la France, mais pour des aspects pratiques, je ne pouvais pas voyager en train. En 2017, un client et ami, m’a envoyé un mail sur le ton de l’humour. Il m’avait annexé une offre de vente, en me signalant que c’était l’endroit idéal pour développer mon activité (Note de la blogueuse ; entre-temps, Jean-Philippe a développé son entreprise de modélisme ferroviaire). J’ai immédiatement reconnu la gare de Pontivy. J’étais outré que l’on puisse vendre une si belle bâtisse. Cela m’a trotté dans la tête toute la nuit. Le lendemain, j’appelais le notaire. Après une visite avec l’architecte, je faisais offre. »
La voie est presque libre !
Car du moment où l’offre a été signée jusqu’à l’obtention des clés, mon portrait a connu de nombreuses péripéties. Dont l’annulation évitée de la vente. En effet, un local devait encore être utilisé ponctuellement par la SNCF, mais Jean-Philippe trouve une solution. Il profite aussi de ces moments pour s’imprégner du lieu et se replonger dans ses souvenirs. « J’allais régulièrement chez le notaire pour emprunter les clés, pour faire les devis, mais aussi m’imprégner des lieux. La première fois, que je me suis retrouvé face à la porte, seul, j’étais à la porte de la gare d’Halluin ! Je me suis replongé dans mes souvenirs et je me suis dit que je l’avais vengée ;-). »
Et c’est bien comme un passeur, que Jean-Philippe veut s’inscrire dans ce projet : « Sur un des pignons de la gare, vous pouvez encore lire l’inscription « Napoléonville ». Elle date de 1864, toute une époque. Lors de la vente, la SNCF avait laissé tout le matériel dans les locaux. J’ai retrouvé toutes les archives, des affiches, le cadran de l’horloge… Mon objectif n’est pas de donner une âme à ce lieu, ce que je souhaite faire, avec ce projet, c’est lui rendre son âme. J’aimerais que les gens se réapproprient ce lieu. Et pour ce faire, je veux être le nouveau chef de gare, celui qui met les gens en connexion ! Dans un sens, le rôle d’un chef de gare, c’est ça, rapprocher les gens. Grâce à ce projet, j’ai relié, les élus, la SNCF, le monde associatif, l’architecte et les habitants. C’est avant tout un projet humain. »
Si vous voulez suivre ce projet, pas à pas, Jean-Philippe a créé une page Facebook dédiée à celui-ci : Gar Pondi – Gare de Pointivy.
Destination transmission.
A côté des contraintes purement liées au chantier, Jean-Philippe se fixe donc, également, des objectifs pour redonner vie au lieu. « Cette gare a un potentiel énorme. Elle se trouve au plein centre de la Bretagne, chaque jour 80 bus s’arrêtent devant la gare de Pontivy pour rallier toute la Bretagne, mais aucun service n’était offert. Aujourd’hui, je pense que j’ai réussi ce projet. Plusieurs objectifs sont atteints ou actés : ouverture d’une salle d’attente et de toilettes publiques, plusieurs concerts ont été joués par des musiciens du Conservatoire de Pontivy, réouverture du guichet dans la gare, présence de la SNCF dans les bâtiments tout un symbole… »
Jean-Philippe précise : « Les volumes au rez-de-chaussée ont été recréés comme à l’origine. Ils accueilleront également un magasin de modélisme et un bureau est réservé pour l’association du train touristique. Celle-ci oeuvre à la sauvegarde de la mémoire ferroviaire régionale et la remise en circulation d’un train touristique. » Cette ligne reliée par le « Napoléon Express »devrait être inaugurée en juin prochain. Vous trouverez le site de l’association ici.
La salle d’attente sera décorée de nombreux objets d’époque : les guichets, la balance et l’horloge « qui est à l’image de l’humain, un peu le coeur de la gare », est de nouveau présente sur le fronton. Mon invité conclut : « J’irai, de temps en temps, une petite pièce m’est réservée. Je jouerai probablement encore un peu au chef de gare et j’emprunterai le train touristique. J’animerai certainement un peu le site, au milieu des objets dont le mécanisme d’horloge de la gare d’Halluin, qui m’avait été offert. »
Des « Passeurs »
Il enchaîne : « Dès que nous comprenons que nous ne faisons que passer ici, nous mesurons que nous sommes des « passeurs ». Je partirai, mais les objets et le patrimoine resteront. Je laisserai un certain patrimoine à ma famille et aux gens. De plus, j’aurai de très bons souvenirs grâce à cette gare, que je pourrai emporter. »
Alors, même si le chef de gare n’est pas encore grand-père, plusieurs générations auront l’occasion de bénéficier de cette transmission d’un passionné qui a cru en ses rêves et à ce projet fou.
Nous terminons notre conversation sur mon projet et ma passion de la transmission. Jean-Philippe m’encourage à continuer, car « Une civilisation qui ne transmet pas est une civilisation qui meurt. »
Si vous avez aimé ce portrait, je vous invite à découvrir également celui de Philippe. Enfant, il rejoignait, en plusieurs jours sa famille italienne en train ! Toute une épopée sur les « trains des Italiens », que vous pouvez lire ici.
J’irai au bout de mes rêves !
Un très grand merci à mon invité pour le temps et la confiance témoignés. Mais surtout de m’avoir rappelé qu’il est toujours important de croire en ses rêves.
Pour le moment, j’analyse un de ceux-ci qui a bientôt 20 ans. Je l’ai ressorti d’un carton grâce à « Faut pas pousser MamY ». Il pourrait me permettre, de m’installer comme indépendante dans un métier qui fait sens pour moi…et pour ne rien gâcher, il serait dans la lignée familiale. C’est une idée folle, mais Jean-Philippe m’a une nouvelle fois prouvé que beaucoup de choses sont possibles.
En attendant, je serai ravie de connaître votre avis sur cet article. La gare de Pointivy fera-t’elle partie de vos prochaines destinations ?
Je vous retrouve, la semaine prochaine, pour un nouveau portrait.
D’ici là, partagez encore et encore et rêvez en grand !
Coralie
J’avais vu l’émission avec ce monsieur et son projet complètement fou il m’a fait voyager sur son quai de gare j’ai adoré 🥰
Oui, très bon reportage consacré à Jean-Philippe. J’ai également apprécié.
J‘avais aussi vu cette émission. J‘admire les gens qui ont gardé leur âme d‘enfant. Je partage ton article j‘en connais qui vont vouloir y aller.
Je suis certaine qu’ils recevront un accueil chaleureux du chef de gare, comme moi je l’ai reçu lors de son interview.